Les prévisions sont difficiles surtout quand elles concernent l’avenir

Cette citation de Pierre Dac résume la difficulté majeure de l’après crise : que va-t-il se passer ? Comment les choses vont-elles se remettre en place ? Quelle incidence aura eu le confinement ? Quel niveau d’engagement auront les collaborateurs à la reprise ? Quelle va être la place de l’homme dans tout ce processus ?

Qui peut y répondre aujourd’hui ?

Personne aujourd’hui n’en est réellement capable. Bien sûr comme il y a des millions de Français, médecins à leurs heures, à commenter quotidiennement les décisions (et non-décisions) gouvernementales depuis le début de le crise sanitaire, nous trouvons la cohorte d’idiots utiles, péremptoires à souhait, qui assènent « ça reprendra comme avant » ou d’autres « tout va changer, c’est obligé ».

Nul ne le sait. C’est somme toute logique. Cette crise est d’une telle violence dans sa soudaineté que personne n’a pu l’anticiper. Pas même le gouvernement et les autorités sanitaires dont l’anticipation devrait pourtant être la mission principale (Régalienne ?).

Alors si on ne peut faire de prévisions, que nous reste-t-il à faire ?

L’essentiel serait-on tenté de dire….

Premièrement : prendre conscience

Il y aura un avant et un après, le confinement n’est pas la crise, il en est un des avatars, le véritable et important changement est à venir, reléguant le confinement au rang de parenthèse.

Il sera ainsi utopique de demander aux collaborateurs de repartir la fleur au fusil, qui au bureau, qui à l’usine, qui en clientèle, à l’identique de la période d’avant. Et ce même si l’urgence économique le recommande.

En échangeant quotidiennement avec des salariés d’entreprises, je vois malheureusement poindre, déjà, la remise en route de la machine économique à marche forcée, à l’identique de la période passée, en ne faisant aucun cas des dégâts humains que la crise engendre et va engendrer.

Si rien n’est écrit par avance, nous pouvons en revanche être certain des dommages collatéraux qu’engendrerait une remise en route en se focalisant sur le business et les affaires courantes tout en se disant que l’HOMME s’adaptera, une fois de plus, puisque l’agilité est devenue le pensum de toute organisation qui se respecte.

Deuxièmement :  agir pour ne pas avoir à réagir

C’est maintenant que se prépare la reprise. L’immense majorité des cadres dirigeants en est convaincue. Dont acte. Il ne faut pas du reste être grand clerc pour le comprendre.

Mais sous quelle forme et dans quel but ?

Une organisation est téléologique, elle se définit par rapport à un objectif. Ses membres sont mobilisés, ou adhèrent, pour contribuer à sa réalisation. La condition est d’en comprendre le but, qui doit être explicite et lisible aux yeux du plus grand nombre. Ainsi, il est urgent d’impliquer les collaborateurs dans les nécessaires réflexions de remise en route de la machine et du sens (objectif) que nous voulons y mettre.

Un client me disait « on a trop pensé à la place des équipes, un peu comme on le fait finalement avec les clients ».

Il serait salutaire de prendre conscience de « l’urgence humaine », collective et individuelle, et d’éviter de s’inspirer de la débâcle gouvernementale quant à sa gestion de la crise sanitaire.

Tout y est réuni pour nous inciter à la plus grande prudence quand viendra l’heure de la reprise. Depuis le manque d’anticipation et de préparation, en passant par l’absence de concertation entre les acteurs de terrain, puis en ne se fiant qu’à ceux qui vous soufflent à l’oreille, tous d’accords entre eux et fonctionnant en vase clos (technocrates de la santé dont le métier est normalement de soigner et pas de faire de la science). Science le mot qui clôt le débat dès qu’il est prononcé. Pour poursuivre la métaphore, probablement sera-t-il judicieux de rassembler plutôt que de diviser comme s’échine à le faire avec maestria le corps médical et le gouvernement, clanique et dédaigneux pour ceux qui ne pensent pas comme il faut. Triste spectacle dont le monde de l’entreprise doit s’affranchir, tournée qu’elle doit être vers le pragmatisme et l’efficacité pour assumer la responsabilité principale qui lui incombe. Faire vivre des familles. On pourrait conclure ce parallèle : au gouvernement de gouverner, pas à faire de la médecine, et aux médecins de soigner, pas à faire de la politique. Chacun a sa place.

« Il n’est de richesse que d’hommes » ce célèbre aphorisme de Jean Bodin, usé à l’envie par les DRH est à prendre dans toute son évidence : l’homme est une vraie richesse, essentielle, peut-être la seule, au cœur du projet entrepreneurial. Probablement pas au sens ou Bodin l’entendait lui qui fut un théoricien du mercantilisme, semble-t-il !

Concentrons-nous sur l’homme, le collaborateur, le client, lui seul est notre vraie boussole, écoutons -le et adaptons-nous à lui !

Il doit être au cœur de l’action, le reste suivra plus aisément !

 

Frank Falleur